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Laure Malécot

 

 

 

 

La peinture a toujours fait partie de ma vie. J’ai longtemps été persuadée que cet art de la liberté suprême ne s’apprenait pas, profondément inspirée par les surréalistes. Cette frontière d’art dans l’inconscient… C’est au contact d’artistes chevronnés côtoyés sur des plateaux de cinéma, où j’exerçais en tant que peintre décoratrice, que j’ai appris des techniques et matières originales. Plus tard, au Sénégal, où j’ai intégré la Galerie des Ateliers de N’gor, des artistes comme Kré Mbaye, Moussa Baydi Ndiaye, El Hadji Sy, Bouna Medoune Seye, m’ont donné d’autres outils, tant au niveau pratique qu’intellectuel, qui m’ont permis de débrider mes inspirations, sans complexe. Je dois aussi saluer le regretté Gaston Madeira, fondateur des Ateliers de N’gor, manager d’artiste, qui n’a eu de cesse de m’encourager.

C’est par son regard constellé de lumière que je l’ai rencontrée, d’emblée. Nous avons commencé à échanger d’abord entre femmes, puis en tant qu’artistes avec des valeurs et des thématiques communes. Son art passe par ses yeux. Les histoires et l’amour du vivant, les mots et les couleurs.  La lumière aussi. Ce flot artistique et sa philosophie de la vie la traversent pour atteindre ses mains, pour prendre forme et nous toucher en plein cœur. Vidéaste, artiste plasticienne et auteure, Laure Malecot aborde ses sujets avec puissance, intimité et vérité.  L’artiste qui a côtoyé Joe Ouakam et Bouna Medoune Seye, a prolongé la vision des fondateurs du Laboratoire Agit’art  tout en développant son propre propos. Un jour, Laure m’a fait suivre un article-rétrospective rédigé par Amadou Bator Dieng, qui m’a fait mesurer la richesse de sa production et de son propos. J’ai eu envie de lui ouvrir mon Atelier afin de regrouper ses créations dans un même espace-temps. J’ai vu ses yeux briller. Avec l’exposition ChiMères, Laure présente une synthèse tant personnelle qu’artistique.

 

 

« Ne vous fiez pas à la gaité de ces grands aplats de couleur, à ces rivières d’eaux délavées, à ces yeux trop grands qui vous regardent. Suivez les coulées de sable, les flots transparents et vous finirez par y trouver le sang et l’acier. De la poésie d’une œuvre haute en couleurs qui s’élabore en terre africaine, jaillit toute la violence d’un monde fracturé dont l’artiste Laure Malécot se fait l’ardente messagère ». 
                                       Nathalie Philippe, auteure et éditrice

 

L’Hôtel Sokhamon fait partie de ces espaces qui entretiennent une proximité avec son écosystème, celui de la corniche dakaroise. Les oiseaux pénètrent dans l’ombre accueillante des voûtes de béton sculpté en forme de lierre, et se perchent dans les hauteurs des terrasses face à l’immensité de l’océan. Exposées en ces lieux, les œuvres de Laure Malécot trouvent là un cadre architectural propice à l’Osmose à laquelle elles aspirent. Offertes aux vents marins et aux humains venus les découvrir, les toiles de l’artiste livrent un constat de notre époque à la fois sombre et implacable, mais aussi rempli d’un solide espoir dans les beautés qui nous entourent.
Par une touche chargée de couleurs et de lumières, la peinture de Laure Malécot s’exprime par ses profondeurs, des épaisseurs d’images projetées, qui se superposent sur la toile sans jamais vraiment se figer. Dans un registre parfois figuratif et expressif (« Menaces », « Terra Nostra », « Mère Nature et le Patriarcat »), parfois abstrait, nébuleuses aux ambiances éthérées (« Refuge », « Light in Cosmos », « Life in Cosmos »), ou encore à travers des fresques cosmogoniques, mythologies façonnées par les symboles (« Hors des bulles », « Evasion enflammée », « Osmose naturelle »), l’artiste déploie un nuancier des sentiments que lui inspirent les société malades qui peinent à prendre au sérieux les urgences climatique. Pour Laure Malécot, tout débute par une angoisse, une profonde prise de conscience qui libère les désirs d’action. « La conscience écologique naît en réponse à une peur. Tant que tu n’as pas peur, tu vis avec la nature sans te poser de question. Pour moi, ça a été le nuage de Tchernobyl (en 1986). Ce n’est qu’ensuite que j’ai commencé à regarder de plus près ce qui se passait. » L. Malécot.

Chacune des toiles de Laure Malécot était à l’origine un horizon désertique, une vaste étendue d’eau, un ciel ou le cosmos ; autant de paysages inertes qui laissent aux possibles la place de prendre forme. Peu à peu, elle les recouvre, elle les peuple d’histoires et de vie. Ces formes de vies ne sont pas souvent anthropomorphes, car selon elle les végétaux, présences animales et autres entités non-humaines doivent plus que jamais avoir une place importante dans nos systèmes de pensée. En effet, pour Laure Malécot l’humain a trop longtemps cru être au centre de toute chose.
« Par le passé j’ai fait cette erreur d’être toujours concentrée sur la silhouette humaine et le visage humain dans mes toiles. Je trouve que l’humain est très égocentrique, c’est pour cela qu’aujourd’hui j’ai la volonté d’introduire du végétal dans les imaginaires. » L. Malécot.
L’artiste se place à contre-courant d’une idéologie dominante qui veut que l‘humain soumette son environnement à ses lois et contraigne son écosystème à respecter ses besoins et ses conditions ; créer de la valeur marchande sur des ressources qui appartiennent au règne du vivant. Pour agir face à cette doctrine mortifère, Laure Malécot a conscience du rôle que les artistes doivent continuer à endosser ; celui d’injecter dans la société et dans le cœur des gens l’émotion des splendeurs de leur planète, tout autant que le frisson de les voir s’éteindre. Avec un cynisme qui dissimule une profonde préoccupation, Laure Malecot rappelle que l’objectif de toucher le cœur des puissants est inatteignable, mais que le dénouement de notre histoire se jouera surement ailleurs, à plus petite échelles ; celles des modestes initiatives, celles de créer des moments de magies, d’alchimies, celles de se permettre de s’émouvoir des harmonies de couleur, d’images, de musiques et de mouvements, des beautés de la liberté des arts et de s’en enchanter au quotidien.
« C’est un effort, c’est une gymnastique de mon esprit de trouver de l’espoir, de l’humour, de la couleur tendre, de donner de l’amour dans les formes pour ne pas tomber du côté sombre de la situation. Toutefois je veux rester dans quelque chose de réaliste quant au constat de là où on est, et de là où on va. Car là où on va n’est pas souhaitable, si on garde le cap sur le profit comme valeur primordiale. » L. Malécot.
La course aux innovations technologiques qui pousse aux prises de décisions politiques écocidaires*, extractives et assujettissantes, est basée sur des imaginaires qui se doivent d’être renouvelés. Ainsi s’impose l’étape indispensable et décisive d’écrire, de peindre et de filmer des fictions et des sciences-fictions dans lesquelles l’humain réussit à dépasser son avidité et se place dans une dynamique non plus majoritairement destructrice, mais éminemment créatrice. En embrassant ces principes dans ses œuvres, Laure Malécot s’inscrit dans un héritage d’artistes éco-féministes** qui cherchent à montrer en quoi puiser dans un registre du sensible et croire dans l’énergie vitale de la terre-mère peut aujourd’hui se révéler un acte de résistance. L’émotionnel étant souvent discrédité sous prétexte d’irrationalité, oser l’affirmer n’est pas naïveté. C’est un acte courageux.

 

                                                                                          Marinette Jeannerod, commissaire d’exposition
                                                                           

EXPOSITIONS

PERSONNELLES

Chimères - Ateliers Gabrielle Sissoko, Gorée, mai 2025

Transmission. Musée de la Femme Henriette Bathily, Dakar- du 27 janvier au 1er mars 2023

Osmose. Galerie de l’Hôtel Saukhamon, Dakar. Commissaire d’exposition Marynette Jeanrod. 2021
Galerie Ataya, Saint Louis, Sénégal . 2014

Biennale de Dakar OFF,  Sakhalart Medina,  et Restaurant Big Five,  2012

 

COLLECTIVES

Ecole Supimax, Dakar - Biennale de Dakar OFF 2024
UFF : Le Relai, Dakar et Galerie des Ateliers de Ngor - Biennale de Dakar OFF 2022 
Salon Geew bi, galerie virtuelle de l’Institut Français de Dakar et catalogue, 2020 . 
Centre de la CEDEAO pour le développement du genre, Dakar, 2017  
Galerie des Ateliers de Ngor, Dakar, 2012 à 2013  
Galerie Rodier, Paris IXème, 2009 
Galerie Assémian Abidjan,  2008  
Galerie Valérie H, Paris,  2002    
Galerie Herouet, Paris III  (avec les Ateliers de N’gor),  2001 
Galerie des Ateliers de Ngor, Ile de N’gor, Dakar, de 1997 à 2001